Cette vision le rassura. Pas pour longtemps hélas, car à peine les pèlerins avaient –ils pénétré sous la nef, que l’officier estafette qu’il avait repéré sur la route la veille fit entrer ses mercenaires à l’intérieur même de l’abbaye et disposer ses hommes sur le parvis de l’abbatiale de façon à bloquer toute tentative de sortie des malheureux qui étaient à l’intérieur. Trente soudards armés jusqu’aux dents contre une poignée de voyageurs qu’on avait désarmés. L’affaire était pliée. Les jeunes louviers étaient pris la main dans le sac. Il attendit anxieusement la fin de la messe. Quand les premiers fidèles sortirent, il ne reconnut pas les petits-
Galfand s’abîma dans ses réflexions. Quand et comment pouvait-
Lorsqu’il se réveilla, il n’en crut pas ses yeux. Les cloches de l’abbatiale sonnaient à toute volée. Sur la petite place envahie par toute une foules de serfs, de manants, de drôles, de ribaudes, de toutes sortes de femmes avec ou sans enfants, d’oblats, de frères lais et même de quelques prébendiers, trônait sous le soleil cuisant de l’après-
Une colonne de moines sortit alors de l’abbaye à la tête de laquelle avançait dignement le grand Abbé Tancrède qui, pour la circonstance, avait revêtu, sur sa livrée grise, d’une somptueuse chasuble rouge sang barrée d’une bande dorée au beau milieu de laquelle scintillait une grande croix incrustée de diamants. Il était suivi par son prieur, les saints moines dizeniers, le moine cellérier, le frère préchantre et tous les moines d’importance de l’abbaye :
Monseigneur Allibert, évêque d’Avranches, rendait visite à sa bonne abbaye de la Lucerne.
Les deux prélats s’embrassèrent, puis tous deux s’avancèrent devancés par le capitaine Crotoy en grande cérémonie, en avant-
L’armée de Crotoy venait renforcer celle de son lieutenant Bertrand positionnée tout autour de l’Abbaye. Galfand pensa que les choses prenaient vraiment vilaine tournure. Il décida de gagner le plus discrètement possible la petite colonie des fermiers située au nord est de l’abbatiale que lui avait conseillé son ami afin de mieux pouvoir observer depuis les toits ce qui se passait du côté du cloître de l’abbaye. Malgré la chaleur, Il se drapa dans sa grande cape pour espérer passer davantage inaperçu dans les sous-
De son côté, Crotoy, après avoir salué froidement Tancrède gagna la porte où il se trouva tout de suite renseigné par son second Bertrand qui lui avoua piteusement que les louviers lui avaient glissé entre les doigts mais qu’aucun d’eux n’avaient pu quitter l’abbaye, tout le secteur étant bouclé. En aparté, celui-