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A ce moment , un troisième appel de Jacquouilles résonna tout proche. De l’autre côté dans la prairie, des ombres mouvantes progressaient guidés par les fauves.  

Alors soudain, Buba les dépassa, bondissant dans le Thar de pierre en pierre.

- Ils sont dans la rivière en amont. Les branches basses des saules empêchent nos chevaux de le suivre. Remontons le long de la rive tant qu’on peut !.... commanda Galfand.

Pendant ce temps, les enfants qui avaient lancé leur dernier signal au bord du désespoir, entendirent les molosses se rapprocher dans la prairie devançant les cavaliers qui progressaient plus difficilement dans les marécages. Le flux de la marée qui avait gonflé  la partie basse du  fleuve  avait fait déborder la rivière. D’un instant à l’autre, les fugitifs s’attendaient à voir dévaler  les chiens  depuis la rive gauche du Thar, guidés par leur dernier appel. Bientôt ils entendirent une masse bondissante qui remontait  la rivière à leur basque. Ils hâtèrent comme ils purent  leur progression. Soudain une forme claire déboucha  du taillis de branches qu’il venait de  passer, la gueule écumante. Dans l’osbcurité  Jacquouilles la reconnut aussitôt. Il eut de la peine  à retenir  son cri : c’était Buba !

 A peine eut-il le temps de le serrer son ami dans ses bras qu’un autre chien autrement plus menaçant , un dogue plus noir que la nuit fondit sur l’animal. Virevoltant sur ses pattes, Buba d’un coup de dent net, plongea sous le molosse et d’un coup sec, lui trancha la gorge de sa puissante mâchoire.

- Par ici ! par ici, sur la gauche ! Montez sur la berge en vous accrochant aux branches !

Cette voix tant espérée, c’était celle de  Galfand… Les autres chiens parvenus de l’autre côté un instant retenus par les grondements de Buba s’apprêtaient à bondir. Lorsqu’une pluie de pierre s’abattirent dans leur direction. C’était Cétautomatik qui ramassant  de gros cailloux dans la rivière se mettaient à les bombarder copieusement. Ce retard dans leur assaut permis aux enfants à se hisser sur l’autre rive. Mais déjà les cavaliers ennemis dégainant leurs épées survenaient sur l’autre bord et se jetaient à l’eau à l’attaque du groupe :  l’épée de Galfand  et les projectiles de Cétautomatik en dépit de leur rage ne les retiendraient pas longtemps…

- Aux chevaux vite ! lança Galfand. Vous, les enfants, montez  par  deux sur les jeunes Cobs. Laissez- nous Brunpoil et Cavale, ils nous porteront en dernier.

Nous tâcherons de couvrir votre fuite. Remontez la crête au-dessus. On se rejoindra à la grande Croix.

Pendant ce temps Cétautimatok s’était emparé de l’épée d’un des soudards de Crotoy et s’efforçait de repousser tout ceux qui parvenaient à remonter sur la berge sur  la rive droite. Mais d’autres hommes accouraient. Il allait falloir bien vite se fondre dans l’obscurité. En remontant sur leurs chevaux, les enfants  entendirent encore dans les fourrés les coups sur les corps et sur les bois, tous les halètements du combat, les cris étouffés des blessés qui retombaient dans la rivière Au dernier moment, Galfand et Cétaitimatok  détalèrent alors qu’ils allaient succomber sous le nombre. Mais à peine étaient-ils juchés sur Cavale et Gripoil, piaffant de s’échapper, qu’une lance projeté de nulle part vint s’enfoncer d’un son mat dans l’épaule de  Cétautitmatok qui sursauta sous le choc. Galfand réussit pourtant en saisissant la bride à tirer Brunpoil sur le chemin qui montait. Ils s’enfuirent alors que les spadassins de Crotoy parvenaient franchir la rivière avec leurs chevaux…

Galfand et le forgeron réussirent assez vite à rejoindre les enfants. Anxieux, ils les attendaient sous le grand calvaire situé dans une combe de la forêt au Sud du grand If de St Ursin :

- Où aller, maintenant Galfand, les hommes de Crotoy quadrillent  la forêt, les grands chemins vont tous être surveillés.

- Que faire sans armes et sans secours les villageois sont tous acquis à la cause de l’évêque ? haleta Cétautimatok  qui s’affaiblissait en perdant son sang.

- Regagnons la lande de Lessay et le campement des bûcherons,  suggéra  Jacquouilles.

- Est-ce loin d’ici ? demanda Alrun qui voulait prendre part aux décisions …

- Une bonne vingtaine de lieues. Dans votre état à tous, ça me paraît impossible. Et je crains fort que Crotoy fasse appel aux soudards d’Aldebert en garnison à Constancia pour nous barrer la route…

- Et si on allait se cacher dans notre grotte ?

C’était Per dans toute sa candeur qui prenait la parole ….

- C’est sûr qu’ils ne viendraient pas  nous chercher là ! s’esclaffa Leïr, amusé par l’intervention de son petit frère.


En fuite